Esoterisme : Définition, Pratiques et Explications

Une redéfinition ou plutôt un rappel des origines du mot ésotérisme s’impose d’emblée pour lever tout l’amalgame et la confusion qui entoure cette notion excessivement utilisée à tort et à travers pour parfois dire la chose et son contraire.

L’ésotérisme se définit d’abord en tant qu’une connaissance que l’on cherche en allant à l’intérieur, par son opposition à l’éxotérisme qui signifie le savoir acquis de par l’expérience des cinq sens, le rapport à la matière et la réflexion.

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L’adjectif « ésotérique » est apparu au deuxième siècle après JC comme le terme grec ancien esôterikós (« appartenant à un cercle intérieur »), avec le premier exemple connu du mot apparaissant dans une satire écrite par Lucien de Samosata.

En effet, l’ésotérisme relève de l’innée, du subtil, de l’immatériel et se rapporte aux facultés psychiques et à la psyché. Dans l’Égypte antique, l’ésotérisme était enseigné dans l’école des mystères à une élite d’initiés sélectionnés selon leur pouvoir psychique et leur capacité à assimiler et appliquer les lois universelles.

Ce même apprentissage a été par la suite repris par les écoles de sagesse grecques pour accéder à l’élévation de l’âme. A l’époque, l’ésotérisme faisait office d’un savoir supérieur que l’on réserve à une élite restreinte.

Au fil du temps, seuls les descendants de familles d’initiés, de la haute noblesse, avaient le droit à cette connaissance. Ainsi, l’ésotérisme a gardé son statut privilégié tout en traversant les siècles jusqu’au moyen âge.

A partir du moyen âge, l’église qui considérait toute source de savoir parallèle à ses enseignements comme une menace à son pouvoir l’interdisait. En d’autres termes, l’église a cherché à garder le monopole du savoir et par la même occasion son emprise sur la masse via la limitation d’accès aux informations qui se transmettaient via l’ésotérisme.

La chasse aux sorcières et aux hérétiques a commencé et cela a donné naissance aux premières sociétés secrètes comme l’Ordre des Templiers, les Cathares, la Rose-Croix toutes en rapport avec le culte ancien d’Iris. L’ésotérisme a alors évolué vers son sens moderne comme une connaissance mystérieuse et indéfinie, sujette à des interprétations diverses et se trouvant au cœur de complots d’ordre planétaire.

Les sociétés secrètes œuvraient à l’époque dans le but de protéger cet héritage et garantir sa transmission vers les générations à venir. Il a pu ainsi influencer des civilisations différentes et des disciplines variées comme c’est le cas pour la médecine chinoise, médecine considérée aujourd’hui comme peu conventionnelle de par sa volonté d’étudier le patient dans son environnement pour définir les origines psychiques de la maladie et son impact sur l’organisme.

De nos jours, des études scientifiques solides rapportant les origines d’une bonne partie des maladies graves ou chroniques comme le cancer au stress ou à un événement bouleversant sur le plan psychique renforcent le statut des sciences ésotériques qui accordent une importance capitale à la psyché.

L’effet placebo et son opposé l’effet nocébo qui évoquent l’emprise du mental du patient, sa volonté de guérir et sa conviction dans l’efficacité de son traitement dans le processus de guérison sont aussi des preuves matérielles de l’évidence de l’intervention psychique et le rôle primordial qu’elle joue pour aboutir à la guérison.

L’étude de la psycho-énergie d’un point de vue ésotérique fait partie des disciplines modernes qui se rapporte à cette science ancienne et se pratique selon des préceptes bien définis.

L’ésotérisme en Occident

En occident, l’ésotérisme a su frayé son chemin et se faire connaitre comme étant la tradition du mystère sous forme de divers mouvements, idées et courants de pensée indépendants et de la religion judéo-chrétienne orthodoxe et du rationalisme des lumières. Etant un savoir universel qui puise ses origines dans des civilisations anciennes de quelques milliers de siècles, il a impacté la philosophie, la religion, la science, l’art, la musique et la culture populaire.

A la fin du XVIIème siècle, la volonté de définir et classer les diverses manifestations de l’ésotérisme en Europe a germé parmi les universitaires et théoriciens. Plusieurs débats intellectuels ont eu lieu à cette époque et il en a découlé trois groupes. Le premier a défini l’ésotérisme en tant qu’un savoir de tradition cachée et pérenne. Le deuxième comme une vision du monde « enchanté » face au désenchantement croissant. Le troisième comme un mouvement marginal englobant toutes les « connaissances rejetées » par les autorités scientifiques et religieuses.

L’intérêt pour l’ésotérisme d’un point de vue intellectuel date pourtant d’avant, de l’époque de la renaissance. Des artistes, penseurs et savants ont cherché à trouver des liens entre les traditions païennes, la Kabbale (Tradition juive donnant une interprétation mystique et allégorique de la Bible) et l’essence du christianisme, permettant l’émergence de mouvements tels que la théosophie chrétienne (Doctrine ésotérique du divin, fondée sur la contemplation de l’univers et l’illumination intérieure).

Plus tard, vers le début du XVIIème, ont émergé les sociétés initiatiques telles que la Franc-maçonnerie. Le 19ème siècle a connu le développement de l’ésotérisme vers l’occultisme qui est l’ensemble des croyances et savoirs cachés par définition. A partir du 20ème siècle et avec des événements planétaires comme la première et la seconde guerre mondiale et le développement du capitalisme et ses conséquences sur l’organisation sociale et la valeur de l’argent, l’ésotérisme occulte s’est matérialisé en des courants spirituels et religieux tels que Wicca (basé sur l’« Ancienne Religion Païenne » et redéfinie par Gerald Gardner, écrivain ésotérique britannique) et des idées de la contre-culture des années 60 jusqu’à donner naissance au New Age dans les années 1970 et le néo-paganisme d’aujourd’hui.

La flexibilité et la capacité de l’ésotérisme à résister au fil des âges tout en évoluant à fini par attirer l’attention d’érudites et académiciens de renommée tels que Frances Yates (1899-1981) et Antoine Faivre (né en 1934) et devenir un sujet de débats académiques vers la fin du 20ème siècle. Parallèlement, il a continué à exercer une influence grandissante sur les arts, le cinéma, la littérature, la musique et les cultures populaires.

Il symbolise une sous-culture ou contre-culture tantôt de résistance, tantôt de mystères ancestraux et de traditions perdues, qui propose une alternative pour les antisystèmes et spirituels de tous les âges et de tous les pays.

L’ésotérisme et le christianisme

En tant qu’un savoir caché destiné aux initiés, l’ésotérisme rappelle fortement les parcours des prophètes et messagers de Dieu dans les traditions religieuses monothéistes.

Le terme « ésotérisme » renvoyait pourtant dans l’ouvrage de Jacques Matter (1971-1864) Histoire critique du gnosticisme (3ème volume) comme à la critique du christianisme institutionnalisé et dominant en Europe occidental. On a commencé à évoquer l’ésotérisme comme dissocié du christianisme au cours des XIXème et XXème siècles, le considérant comme une sous-culture en désaccord permanent avec l’église depuis la Renaissance. Les liens synonymiques entre ésotérisme et occultisme d’un côté, et sa popularisation à travers les discours d’Eliphas Lévi (1810-1875), magicien occultiste cérémonial français, ont contribué à relier davantage l’ésotérisme au paganisme, au gnosticisme et même au Bouddhisme et aux religions orientales qu’à la tradition judéo-chrétienne.

Il est bon de rappeler à ce niveau que le développement du concept occidental de l’ésotérisme n’a commencé qu’au cours du 17ème siècle, il est alors une construction moderne et une tentative de délimiter les contours d’un savoir vaste et caché de plusieurs milliers d’années.

Ehregott Daniel Colberg (1659-1698), luthérien allemand, a réuni dans son œuvre « Le christianisme platonico-hermétique » (1690-91) des idées, des pensées et des philosophies disparates reconnaissant qu’elles étaient antérieures à l’antiquité. Néanmoins, le but de ce travail n’était pas d’étudier exhaustivement ces courants qui risquaient la disparition sous une même catégorie mais surtout de pointer du doigt leur aspect hérétique et les distinguer de ce qu’il considérait comme le vrai christianisme.

Avec le siècle des Lumières, on désignait l’ésotérisme par des termes connotés péjorativement tels que « superstition », « magie » et « occulte ». Malgré son ancienneté, l’historien de l’ésotérisme Wouter J. Hanegraaff (né en 1961) explique qu’à l’époque, on devait impérativement dénigrer l’occulte sous ses différentes formes si l’on aspirait à une carrière académique brillante.

A la fin du 18ème siècle, les « similitudes structurelles » entre « les idées et les visions du monde d’une grande variété de penseurs et de mouvements » commençaient à fournir selon Wouter J. Hanegraaff une sorte de « générique utile » et « un groupe important de phénomènes historiques qui ont longtemps été perçus comme partageant un air de famille » pour un nombre grandissant de chercheurs.

Cette prise de conscience a permis de lever la gêne que tout universitaire pouvait ressentir en étudiant l’ésotérisme d’un point de vue philosophique et historique. L’historien des religions Henrik Bogdan affirmait que l’ésotérisme occidental constituait «un troisième pilier de la culture occidentale « à côté » de la foi doctrinale et de la rationalité ».

Aujourd’hui, Il existe un large consensus parmi les chercheurs sur les courants de pensée qui peuvent être placés dans une catégorie de l’ésotérisme, allant de l’ancien gnosticisme et de l’hermétisme au rosicrucianisme et à la kabbale, en passant par des phénomènes plus récents tels que le mouvement New Age. Cela n’enlève rien à la controverse puisque les spécialistes demeurent en désaccord sur la meilleure façon de le définir.

Avec la fin du XXème et le début du XXIème, les relations établies entre religion chrétienne et ésotérisme sont en train de connaitre une évolution distincte. Comme pour l’interprétation kabbalistique, l’ésotérisme gagne des adeptes et suscite l’intérêt  en offrant la possibilité de relire la bible et la vie du Christ d’un point de vue symbolique, en considérant les évènements relatés comme « une représentation du parcours spirituel de l’âme » plutôt qu’un récit de faits.

L’ésotérisme de nos jours

De par sa résistance au passage du temps, aux tentatives de dégradation et de marginalisation menées tantôt par les rationnels tantôt par le clergé, l’ésotérisme de la fin du XXème et du début du XXIème siècle semble renouer avec sa « dimension spirituelle universelle », sa signification originelle et son essence propre qui date de l’antiquité tardive.  De ce fait, il s’oppose doublement aux dogmes religieux dénués de mysticisme et à ceux d’une science qui classe comme anomalie ou erreur tout fait inexpliqué.

Les travaux d’ésotéristes tels que A.E Waite ont contribué à populariser cet aspect à la fois ancien et moderne de l’ésotérisme, notamment en le rapprochant et des croyances mystiques du monde et de l’histoire. Ainsi, l’ésotérisme commence à s’imposer comme une tradition universelle, secrète et intérieure.

Sur le plan académique, l’intérêt de chercheurs érudits tels que Mircea Eliade, Henry Corbin, Antoine Faivre, Nicholas Goodrick-Clarke et Arthur Versluis a permis d’inscrire l’ésotérisme dans un cadre de recherche universitaire, historique et religieux.

En France, le docteur en sciences religieuses et études germaniques Antoine Faivre a été le premier à inscrire « l’histoire de l’ésotérisme occidental » en tant que spécialité à part entière au sein de la discipline académique de « l’histoire des religions » à l’EPHE à la Sorbonne, Par la suite, deux chaires se sont constituées aux universités d’Amsterdam (Wouter Jacobus Hanegraaff) et d’Exeter en Angleterre (Nicholas Goodrick-Clarke).

Placer l’ésotérisme dans un contexte académique impose à ce dernier les règles strictes de la démarche méthodologique. Hanegraaff a noté à ce propos que s’il existait une réalité absolue qui réunissait les croyances intimes des peuples du monde, elle ne pouvait être accessible que par des pratiques spirituelles que les outils exotériques ne pouvaient mesurer ni définir. Il souligne ainsi la véritable problématique posée par l’ésotérisme, à savoir celle de sa nature mercurienne qui a permis sa transmission à travers les siècles et les raisons de sa marginalisation puisqu’il s’agit d’une sphère de savoir cosmétique à laquelle n’accède que des initiés.

De nos jours, on reconnait l’ésotérisme comme faisant partie de l’histoire des croyances religieuses et par conséquent des idées qui ont fondé la civilisation humaine. Toutefois, ce savoir, dont on a si besoin pour accéder à la dimension cosmique de l’homme, est par définition hermétique. Il garde encore intégralement son secret, à l’image des pyramides de l’Egypte, si présentes et si imposantes, tout en étant si parfaites et si mystérieuses.

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