Qui d’entre nous n’a pas un jour entendu parler de diables, de possessions, de mauvais esprits ou encore d’exorcisme ? De quoi s’agit-il réellement ? Est-ce une idée de fiction ? Est-ce une réalité ? S’agit-il d’une réalité ? Où se situent la science, l’histoire et les religions face à l’exorcisme ? Nous aurons le temps de nous pencher un peu plus sur ce fait, de l’analyser et de le comprendre.
Qu’est-ce qu’un exorcisme ?
De sa définition de Larousse, l’exorcisme est une pratique religieuse qui a pour but et objectif de chasser et de faire sortir le démon qui a pris possession d’une personne et de son corps. Il s’agit d’une prière avec laquelle on exorcise quelqu’un ou quelque chose. Dans la littérature, l’exorcisme est tout ce qui est en rapport avec ce qui chasse la douleur ou l’angoisse qui hante quelqu’un.
L’exorcisme est donc une supplication qui s’adresse aux mauvais esprits (démons, djinns, esprits malveillants…), et qui les oblige à quitter les lieux. Il peut s’agir d’un endroit, un objet ou encore un corps humain dont il aurait pris possession. Techniquement parlant, l’exorcisme est une cérémonie, utilisé dans les traditions juives, musulmanes et chrétiennes, pour expulser et faire sortir de force les démons, des personnes possédées et qui sont tombées sous leur pouvoir.
Côté histoire, plus précisément durant les deux premiers siècles de l’ère chrétienne, l’exorcisme était plus considéré comme étant un cadeau dont tout le monde pouvait bénéficier, qu’il fût laïque ou chrétien. En l’an 250, une classe du bas clergé, appelé “exorcistes” est apparue. Et l’exorcisme est alors devenu l’une des cérémonies préparatoires au baptême. Et depuis, la cérémonie d’exorcisme des personnes possédées par les mauvais esprits est devenue réglementée par le droit canonique dans l’Église catholique romaine, dont le rite est contenu dans le rituel romain.
En 1614, le Vatican a publié pour la première fois des consignes officielles sur l’exorcisme. Ces dernières ont été révisées en 1999. D’après la conférence des évêques catholiques des États-Unis, on note parmi les signes de la possession démoniaque : la force surhumaine, l’aversion pour l’eau bénite, la capacité de parler dans des langues inconnues, des crachats, des insultes et une « masturbation excessive ».
L’exorcisme, réalité ou fiction ?
De nos jours, le cinéma, plus particulièrement les films fantastiques et d’horreur, nous montre de plus en plus d’histoires de démons, de possessions, d’exorcisme, etc. Plusieurs scénarios ont vu le jour dont quelques succès cinématographiques. Cependant, la croyance que les démons existent et peuvent prendre possession du corps de leurs victimes est l’une des croyances religieuses, les plus répandues au monde.
Diverses religions prétendent et affirment que les humains peuvent être possédés par les démons et les esprits démoniaques. Cette idée que les esprits envahisseurs sont purement malfaisants est une grande partie un concept judéo-chrétien. D’autres croyances, comme le spiritisme, tendent à croire qu’il existe des entités bienfaisantes et malveillantes pendant de courtes périodes, des aspects rares de la vie spirituelle. D’autres croient, qu’il peut s’agir d’une forme de canalisation, dans laquelle les esprits morts pourraient habiter le corps des médiums et communiquent à travers eux.
Nombreux croient que l’exorcisme est un rite de l’âge des ténèbres. Or, plusieurs exorcismes continuent d’être pratiqués un peu partout dans le monde, le plus souvent sur des personnes qui sont perturbées émotionnellement et mentalement. Maintenant pour parler de ceux qui subissent l’exorcisme soit réellement possédé par des esprits malveillants, c’est toute une autre affaire. En effet, les exorcismes sont pratiqués sur les personnes de forte foi religieuse. Dans la mesure où l’exorcisme fonctionne, il est dû au pouvoir de la suggestion et la psychologie : si vous croyez fort que vous êtes possédé et qu’un exorcisme vous guérira, alors c’est possible.
Auteur du livre American Exorcism, Michael Cuneo a assisté à 50 exorcismes durant la recherche de son livre et a fait remarquer qu’il n’avait jamais vu quelque chose de surnaturel ou d’inexplicable (lévitation, rotation de tête, rayures démoniaques… comme ceux qu’on perçoit dans les films ou qu’on entend dans les histoires). Pour lui, il n’y avait que des personnes émotionnellement troublées des deux côtés du rituel (le possédé et l’exorciste).
Cela étant dit, il ne faut pas non plus négliger le fait que l’exorcisme peut avoir des conséquences mortelles. En effet, en 2003, un garçon autiste de 8 ans a été tué suite à un exorcisme. Les membres d’une église avaient alors blâmé un démon envahisseur pour son autisme. On peut aussi citer un autre cas, celui d’une jeune fille religieuse roumaine, morte lors d’un exorcisme après avoir été attachée à une croix, bâillonnée et laissée des jours sans nourriture ni eau dans le but d’expulser des démons.
Pour résumer le tout, l’exorcisme est un rituel ou une cérémonie religieuse, dont le but est de faire expulser des démons qui auraient pris possession d’un lieu, d’un objet ou encore du corps d’un être humain. Il s’agit d’une pratique universelle, historiquement institutionnalisée dans le christianisme catholique, et qui, à l’heure actuelle, continue à être pratiqué, partout dans le monde, et dans plusieurs religions.
Comment reconnaître une personne possédée ?
Selon l’histoire, les exorcistes et les récits qui portent sur l’exorcisme, le possédé change d’un état calme à un état de crise. Ce dernier se traduit et se définit par des éclats de rage, de contorsions du corps, de mauvaises paroles blasphématoires. Lorsque ledit possédé retrouve son état calme et naturel, il oublie son comportement et ses dires. Et d’après les théologiens, on distingue plusieurs signes qui aident à apporter un diagnostic sur la possession.
Ayant énoncé 3 symptômes essentiels parmi d’autres, le rituel romain avance l’idée qu’il existe des signes qui permettraient de détecter et de déterminer si une personne est belle et bien possédée par un démon ou un mauvais esprit. Des gestes et un comportement pieux qui ont l’habitude de mettre la personne possédée dans un tel état de rage et de colère qui le pousse à blasphémer, suivi d’un état d’oubli et d’amnésie fréquente et constante.
Ces symptômes sont les suivants :
1- Le fait d’écrire, de parler et de comprendre une langue, à ce jour inconnue par le possédé. C’est ce qu’on appelle la “ Glossolalie ”.
2- Le fait de découvrir ou de connaître des choses ou des faits éloignés et secrets “ La Voyance”.
3 – Le fait de jouir d’une force surhumaine ou inexplicable. Une force qui ne fait pas partie des aptitudes physiques de la personne possédée. Il s’agit de la “ Psychokinèse ”.
Pour l’église du moyen âge, les marques du diable sont bien supérieures à ces 3 énoncés par le rituel roumain. On note parmi eux : la lévitation, des zones d’anesthésie, des endroits du corps anormalement insensibles (ce qui se traduit dans la neurologie moderne par le symptôme de lèpre à son début).
L’exorcisme point de vue Science
Les scientifiques et les chercheurs ne définissent pas l’exorcisme comme étant un diagnostic psychiatrique. Pour eux, la croyance en la possession est plus orientée et associée à des maladies mentales ou physiques, telles que : l’hystérie, la psychose, la manie, la schizophrénie… ou encore le trouble dissociatif de l’identité. Au sein de la communauté scientifique, existe une certaine forme de monomanie surnommée démonomanie. Il s’agit d’un état dans lequel le patient croit qu’il est possédé par un démon. Dans certains de cas, l’exorcisme fonctionne pour les patients, et les scientifiques attribuent ce résultat à l’effet placebo et au pouvoir de la suggestion. D’autres scientifiques prétendent que les personnes possédées souffrent de faible estime de soi et choisissent la possession et le comportement démoniaque pour attirer l’attention et rien de plus.
Quelle est la place de l’exorcisme dans les religions ?
Comme énoncé précédemment, l’exorcisme est un rite religieux qui s’effectue par l’exorciste (la personne qui effectue le rite) pour le possédé (la personne de forte foi religieuse). Découvrons ensemble la place, la définition et le rituel d’exorcisme dans les religions dans le monde.
Dans le christianisme
Selon les croyances chrétiennes, l’exorcisme a pour but de se débarrasser et de chasser les esprits démoniaques qui auraient pris possession du corps d’une personne. L’exorciste (la personne qui effectue l’exorcisme) est membre de l’église chrétienne ou dotée de certains pouvoirs spéciaux qui lui permettraient de communiquer avec le démon et le chasser. Lors de la cérémonie d’exorcisme, l’exorciste utilise des matériels religieux tels que des prières, des formules, des symboles, des amulettes… et il invoque Dieu, Jésus, des anges pour intervenir dans l’exorcisme. Les exorcistes chrétiens croient que leur pouvoir leur a été donné par la trinité (le père, le fils et le Saint-Esprit). Dans le christianisme, les personnes possédées ne sont pas forcément considérées comme responsables de leur état ou encore responsables de leurs actions et de leurs dires. Au contraire, elles sont vues comme étant des victimes sous l’emprise de démons, et l’exorcisme en lui-même est un remède et non pas une punition.
Dans l’islam
Dans la religion islamique, il existe plusieurs termes et traitements utilisés pour exorciser plusieurs esprits, mais aussi les libérer du mauvais œil et de la sorcellerie. L’exorcisme dans l’islam est pratiqué par un Chikh (exorciste) qui récite divers versets coraniques pour la personne possédée, mais ce n’est pas obligatoire. En effet, comme énoncé précédemment, il existe plusieurs cas pour libérer les possédés, en d’autres termes, la possession n’est pas la seule. Dans l’Islam, l’exorcisme peut être effectué pour libérer la personne de la sorcellerie ou de divers autres mots. Dans ces rituels, divers objets peuvent être utilisés telles l’eau bénite, l’application de parfums sans alcool ou autres. Des versets spécifiques ont été conseillés par le Prophète de l’islam – Salla lahou Alayhi Wa Sallam – pour aider à faire éloigner les êtres invisibles ou les djinns (les démons) comme le verset du trône. Mais aussi l’appel aux prières quotidiennes se voit être bénéfique dans certains cas.
Dans le judaïsme
Pour les juifs, le rituel d’exorcisme s’effectue par un rabbin qui maîtrise la pratique du Kabbale. Le déroulement est le suivant : un groupe de 10 hommes adultes se rassemblent autour de la personne possédée par un esprit démoniaque et récitent 3 fois le Psaume 91, par la suite, le rabbin souffle dans une corne de bélier (shofar). Cette dernière se doit d’être soufflée avec des notes et des tons variés. Le but de la procédure est de briser le corps de manière à ce que l’esprit indésiré soit libéré et chassé. Chose faite, le rabbin se met à parler à cet esprit en question et lui demander pourquoi il avait décidé de posséder sa victime. Après quoi, Le Minyan pourra prier pour lui faire une cérémonie pour sa sécurité et lui permettre de quitter le corps de la personne possédée.
Dans l’hindouisme
Il existe plusieurs pratiques et croyances reliées à l’exorcisme et à la possession des esprits démoniaques dans les croyances des hindous. En effet, dans les livres saints des hindous (les 4 Vedas), certains contiennent des révélations concernant l’exorcisme. Dans les traditions védiques, les moyens de base utilisés lors d’un exorcisme sont le mantra et le yajna. Sans oublier les traditions Vaishnava qui emploient la récitation à haute voix des noms de Narasimha, mais aussi des écritures telles que la Bhagavata Purana. Dans la croyance des hindous, le fait de prononcer le nom de Lord Hanuman ferait trembler les forces du mal, les esprits maléfiques et les démons de peur. D’autres croient que lire certains chapitres de Bhagavad Gita (3e, 7e et 9e) et l’offrir mentalement aux décédés libérerait leurs fantômes. Une autre manière de libérer les esprits et leur éviter d’errer sur terre et de faire du mal à autrui.
Dans le bouddhisme
Selon la tradition bouddhiste, il existe un rituel effectué le jour du fantôme, qui fait partie de la tradition tibétaine. Une cérémonie religieuse bouddhiste qui chasse toute sorte de négativité. Elle vise à faire éloigner les malheurs et les mauvais esprits de l’année passée. Le but du jour du fantôme est de lancer et de favoriser le commencement d’une nouvelle année de manière propice et pacifique. Les monastères et temples du Tibet organisent des cérémonies de danse religieuse, dans lesquelles les familles nettoient leurs maisons, décorent les chambres et portent des torches le soir tout en criant des mots d’exorcisme.